Influence du mode d’écriture (manuscrit ou clavier) sur l’apprentissage des lettres arabes chez l’élève débutant et corrélats cérébraux de l’écriture des lettres arabes et latines chez l’adulte bigraphe.

auteurs

  • Fabiani Elie

mots-clés

  • Writing
  • Learning
  • FMRI
  • Keyboard
  • Sensori-moticity
  • Brain
  • Bigraphism
  • Ecriture
  • Apprentissage
  • IRMf
  • Clavier
  • Sensori-motricité
  • Cerveau
  • Bigaphisme

type de document

THESE

résumé

Les outils numériques sont de plus en plus présents dans les établissements scolaires. Ces outils sont majoritairement utilisés avec un clavier, entrainant un changement dans la façon d'écrire des élèves. Quelles sont les conséquences d’un tel changement ? Des études ont montré qu’apprendre les lettres en les écrivant à la main permettait de mieux les reconnaitre que lorsqu’elles sont apprises au clavier, car le codage sensori-moteur créé par l’apprentissage manuscrit pourrait permettre de renforcer la représentation en mémoire des lettres. Mais ces études sont peu nombreuses, parfois contradictoires, et ont été conduites pendant une courte durée d’apprentissage et dans des conditions peu écologiques. Au cours de cette thèse, nous nous sommes intéressés à l’apprentissage d’un nouveau système d’écriture, l’arabe, à la main ou au clavier, chez des élèves français en classe de 6ème, en les suivant pendant deux années scolaires. Parallèlement, nous nous sommes demandés si les caractéristiques motrices du français et de l’arabe influençaient l’organisation du réseau cérébral sous-tendant le langage écrit, en analysant les particularités motrices (cinématique, sens de production…) et l’activité cérébrale (en IRMf) dans une tâche de copie de lettres arabes et françaises par des bigraphes experts. La première étude longitudinale au collège a montré que l’écriture au clavier pouvait conduire à une meilleure connaissance des lettres en début d’apprentissage, mais que cet avantage ne se maintenait pas dans le temps. Nous avons également observé un avantage de l’écriture manuscrite sur la qualité de la forme visuelle (orientation et association allographique). Ces résultats étendent les résultats précédents à un apprentissage plus long et réalisé en contexte scolaire. Ils confirment que les représentations sensori-motrices acquises grâce à l’écriture manuscrite jouent un rôle dans l’apprentissage des lettres, tout en montrant que l’apprentissage par le clavier peut aussi favoriser certains processus d’apprentissage. La seconde étude chez l’adulte bigraphe a confirmé que les patterns moteurs différaient dans l’écriture des lettres arabes et latines. L’analyse univariée des données IRMf recueillies pendant que les participants écrivaient ces lettres a montré que l’écriture des deux langues partageait un réseau cérébral commun, mais que l’arabe entrainait une plus forte activation des régions pariétales supérieures bilatérales et du cervelet droit. L’analyse en ‘Multi-Voxel Pattern Analysis’ (MVPA) a confirmé que le codage des deux systèmes d’écriture différait dans les cortex pariétaux supérieur mais également dans plusieurs régions des deux hémisphères, notamment dans les régions somesthésiques gauches, les régions prémotrices droites et visuelles bilatérales. Ces données confirment que l’apprentissage de deux systèmes d’écriture distincts a des conséquences sur les réseaux cérébraux sensori-moteurs mis en jeu chez l’expert. L’ensemble de ces résultats montre le rôle de la sensori-motricité sur la représentation cognitive et cérébrale des caractères alphabétiques, et l’impact possible des outils numériques. Les modifications cérébrales induites par l’apprentissage d’une langue écrite avec ses particularités graphomotrices mises en évidence dans le présent travail conduisent à considérer l’importance de la composante sensori-motrice dans la représentation en mémoire et donc pendant son apprentissage.

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